CAK sur une autre planète

par LSA IDF / 31 août 2022 à 08:56 Mise à jour 2 sept. 2022 à 17:14

31 août 2021, Charles-Antoine Kouakou devient champion paralympique à Tokyo

Un an pile, jour pour jour.

Il est midi et des poussières quand Charles-Antoine Kouakou déploie son mètre 86 en jaillissant des starting-blocks.

Dans le stade de Tokyo, COVID oblige, les gradins sont vides ou presque.

Vincent Clarico son coach qui a préparé l'athlète avec Fred Drieu est attentif, tendu.

Que de travail fourni sur la piste d'Anthony 92. Les Jeux repoussés d'un an ont permis à CAK de prendre de l'assurance, du coffre mais aussi de la tactique.

En demi-finale il a été l'auteur d'une course parfaite en prenant la deuxième place en assurant mentalement et physiquement son billet pour la grande finale.

Une course parfaite 

Là il possède le 5e temps parmi l'élite mondiale. La médaille est possible mais on regarde avec optimisme sur le bronze. Les qualifications ont été longues pour obtenir le tampon pour Tokyo. Il faudrait battre son temps d'une seconde pour espérer un podium.

En septembre 2020, lors d'une interview réalisée à l'ESAT de Drancy où il travaille comme jardinier, CAK, confiant, souriant mais déterminé nous avait confié :"Je suis programmé pour Paris 2024 mais à Tokyo je veux gagner cette médaille d'or."

Sa détermination tranquille se devait être prise au sérieux.

Le départ est bon sur la piste japonaise. L'allure est rythmée. CAK se place avec une intelligence remarquable de tactique dans cette course pour déficients mentaux ayant moins de 75 de QI. Ces chiffres importent peu et le Parisien vire en 3e position dans le dernier virage. Là, la classe naturelle va parler. Il maintient son rythme allonge sa foulée majestueuse à l'image de Marie-Jo Pérec. Derrière cela coince un peu. CAK est parti toujours en parfaite harmonie.

Vincent Clarico dans les tribunes s'époumonne, lui qui a connu les JO sur 110 m haies.

Il sait que son poulain ira au bout.

L'Anglais, à sa gauche le favori revient centimètre par centimètre.

CAK passe la ligne altier sans même casser sur le fil. Pas besoin.

Le temps s'affiche : 47"63.

Il pulvérise son ancien record de 48"52 et au passage s'offre le record d'Europe.

CAK regarde le grand tableau : "Je ne savais pas que c'était moi qui avait gagné"

Il comprend et va relever ses adversaires tous à terre tant l'effort a été violent.

Il est champion paralympique, le 1er de toute l'histoire de la fédération française de sport adapté.

Il est midi, je me suis arraché de mon bureau en faisant tomber mon ordi et mon appareil photo pour vivre dans la folie ces 30 derniers mètres en hurlant à 50 centimètres du poste.

Fred Drieu, resté à la FFSA est en transes. Dans le stade Vincent Clarico pleure.

CAK a été grand.

Je tapote sur le facebook de la Ligue quelques mots emporté par cette folie douce.

L'instinct vaut autant que l'analyse.

Là aussi la folie s'empare de la toile avec plus de 12 000 réactions dans la foulée.

Ce 31 août a été magique.

Charles-Antoine Kouakou est champion paralympique.

Pour la vie.

Pascal Pioppi

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